Fiche expert Substrat : adapter l'arrosage et la température

C'est l'automne, les conditions sont fraîches et humides, certains de vos lots de plantes jaunissent ou blanchissent ? Ces symptômes ressemblant à un léger effet « désherbant » peuvent être le signe d'une intoxication ammoniacale due à une culture menée trop à froid ou des arrosages massifs. Une chute de température et/ou un manque d'oxygène provoquent un ralentissement de la transformation de l'ammonium NH4+ en nitrate NO3- par les micro-organismes. De ce fait, la plante absorbe massivement cette forme d'azote ammoniacale et s'intoxique. Ces intoxications sont souvent passagères. Dès que le substrat a pu sécher, les plantes reverdissent. Cependant, si les conditions de froid et d'humidité perdurent, il est préférable d'adapter l'arrosage et la température. Dans le cas d'une fertilisation organique, maintenir air et chaleur dans le substrat est d'autant plus important, car la totalité de l'azote passe par la forme ammoniacale.

Le suivi de la température est primordial

Pour la plupart des végétaux, la croissance racinaire est optimale entre 15 et 25 °C dans le substrat. Les racines commencent à être actives à partir de 8-12 °C et souffrent au-delà de 27-28 °C. Les jeunes plants rempotés sont particulièrement sensibles à la température du substrat, en particulier les cuttings. Puis pour une rapide colonisation racinaire, la température du substrat doit être particulièrement suivie. Pour les semis, chaque espèce possède son spectre de température pour une germination optimale ; il est généralement situé entre 15 et 30 °C.

Les substrats fabriqués, transportés ou stockés en hiver peuvent être gelés. Avant rempotage, il est impératif de rentrer le substrat dans les serres plusieurs jours avant utilisation. Prévoir plus de temps pour les substrats compressés, plus longs à se réchauffer.

Ni trop, ni trop peu d'eau

Les risques d'excès d'eau en culture grimpent en flèche en hiver. Un excès d'eau dans le substrat entraîne un manque d'oxygène avec pour conséquences : une baisse de la croissance due au blocage de l'absorption de l'eau et des éléments nutritifs par les racines ; un blocage de l'assimilation du potassium et une forte baisse de celle des nitrates ; un risque accru d'intoxication ammoniacale ; une plus forte sensibilité aux maladies.

Pourtant arroser est indispensable, même en hiver. Le défi : ni trop, ni trop peu. L'arrosage hivernal doit permettre de maintenir un minimum d'eau dans le substrat, indispensable à l'activité de la plante. L'apport d'eau renouvelle l'oxygène et évacue le dioxyde de carbone engendré par l'activité des racines : elle maintient la plante active ! L'eau dissout les sels accumulés près des racines et facilite ainsi la nutrition. Elle fait transiter dans la plante certains éléments dépendants du flux hydrique comme le bore ou bien le potassium. L'arrosage évite les problèmes de réhumectation et de sécheresse irréversible du substrat.

Piloter l'apport d'eau l'hiver

Éviter les arrosages espacés et massifs, surtout si le temps est couvert et froid, cela provoque des excès d'eau passagers et, sur certaines espèces, des déchirements de cellules (oedèmes). Préférer des arrosages légers et plus fréquents. Arroser avec une eau à température modérée : une température trop froide provoque une diminution de la capacité d'absorption des racines. Arroser le matin, car c'est avant midi que l'activité de la plante est la plus importante. Par ailleurs, elle aura eu le temps de sécher avant la nuit pour éviter les maladies. Prévoir un minimum de ventilation ou d'extraction d'humidité et/ou de chauffage pour limiter les problèmes sanitaires et pour maintenir un bon niveau d'évapotranspiration indispensable à la croissance des plantes. Arroser avec de l'engrais, même à faible dose ou utiliser un engrais retard dans le substrat. Des arrosages trop nombreux à l'eau claire engendrent un port allongé et mou de la plante.

Renforcer le ressuyage et la réhumectation

Les conditions de jours courts impliquent le choix d'un substrat suffisamment aéré, apte à se ressuyer rapidement et à se réchauffer aisément, en particulier pour les espèces sensibles à la température. A contrario, un substrat léger se refroidira plus rapidement en cas de non-respect des consignes de température. Une proportion suffisante de tourbe blonde favorise la porosité du substrat et sa capacité de ressuyage. L'ajout de fibre de bois ou de fractions de tourbe renforce le ressuyage et la réhumectation. L'incorporation d'argile favorise la réhumectation après une tenue sur le sec prolongée.

Par Chantal Le Coguic, Klasmann-Deilmann France (38)